
Le président colombien Gustavo Petro à la tribune des Nations Unies à New York, le 23 septembre 2025 ( AFP / Leonardo MUNOZ )
Les Etats-Unis ont révoqué le visa du président colombien Gustavo Petro, qui est rentré samedi à Bogota, après avoir été accusé par le département d'Etat américain d'"actions téméraires et incendiaires" lors d'une manifestation pro-palestinienne à New York.
"Le président colombien @petrogustavo s'est tenu dans une rue de New York et a exhorté les soldats américains à désobéir aux ordres et à inciter à la violence. Nous allons révoquer le visa de Petro en raison de ses actions téméraires et incendiaires", avait prévenu le département d'Etat sur X.
M. Petro, qui se trouvait à New York pour l'assemblée générale des Nations Unies, a participé vendredi à une manifestation pro-palestinienne dans la ville au côté du musicien britannique Roger Waters.
Des vidéos diffusées par les médias ont montré le président colombien de gauche appeler, par haut-parleur, à la création d'une "armée de sauvetage du monde qui aura pour première tâche de libérer la Palestine".
"Les nations du monde apporteront alors des hommes et des femmes entraînés et armés pour former cette grande armée. Elle doit être plus grande que celle des Etats-Unis", a poursuivi M. Petro, dont le pays a rompu avec Israël en 2024 pour protester contre la guerre dans la bande de Gaza.
"Ici, à New York, je demande à tous les soldats de l'armée des Etats-Unis de ne pas viser l'humanité avec leurs fusils. Désobéissez à l'ordre de Trump! Obéissez à l'ordre de l'humanité!", s'est-il exclamé.
Il a estimé que le nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU, la semaine dernière, contre un texte réclamant un cessez-le-feu et l'accès humanitaire à Gaza, signifiait que "la diplomatie est terminée".
- "Autre phase de la lutte" -
"L'histoire de l'humanité nous a montré pendant des millénaires que, si la diplomatie s'épuise, nous devons passer à une autre phase de la lutte", a encore dit Gustavo Petro.
Une source de la présidence colombienne a confirmé à l'AFP que M. Petro avait quitté les Etats-Unis vendredi soir à bord d'un avion pour Bogota.
"Je suis arrivé à Bogota et je me retrouve désormais sans visa pour les Etats-Unis", a indiqué le président colombien dans un message sur son compte X.
"Ne pas avoir permis l'entrée de l'Autorité palestinienne et me priver de mon visa pour avoir demandé à l'armée américaine et israélienne de ne pas soutenir un génocide, qui constitue un crime contre l'humanité, cela démontre que le gouvernement des Etats-Unis ne respecte plus le droit international", a-t-il poursuivi.
"Je ne reviendrai plus voir Donald le canard", a-t-il ironisé, en se moquant de son homologue américain.
Auparavant, M. Petro avait fait remarquer qu'il possédait aussi la nationalité italienne, ce qui en principe le dispense de visa pour entrer aux Etats-Unis.
Le ministre colombien de l'Intérieur, Armando Benedetti, a écrit vendredi soir sur X que c'était le visa du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui aurait dû être révoqué, et non celui de M. Petro.
"Mais comme l'empire le protège, il s'en prend au seul président qui ait été assez capable de lui dire la vérité en face", a-t-il affirmé.
Les relations entre la Colombie et les Etats-Unis se sont nettement dégradées depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier.
Mardi, M. Petro avait demandé à la tribune des Nations Unies qu'une "procédure pénale" soit lancée contre son homologue américain après les frappes militaires meurtrières ayant détruit dans les Caraïbes des bateaux transportant, selon Washington, de la drogue.
Même si le siège de l'ONU à New York bénéficie de l'extraterritorialité, les chefs d'Etat et de gouvernement doivent transiter par le territoire des Etats-Unis pour se rendre à l'assemblée générale annuelle de l'organisation, et doivent donc voyager avec un visa américain.
Dans le passé, les Etats-Unis ont accordé des visas pour se rendre à l'ONU à de nombreux chefs d'Etat qui leur étaient hostiles, comme les dirigeants cubain Fidel Castro et libyen Mouammar Kadhafi, ou encore les présidents vénézuéliens Hugo Chavez et Nicolas Maduro. Cette année, Washington a autorisé la présence du président iranien Massoud Pezeshkian, mais a refusé un visa au président palestinien Mahmoud Abbas, qui a dû s'exprimer par visioconférence.
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